Trouver un hébergement en EHPAD : la croix et la bannière !
IMMOBILIER | 5 min. de lectureLa France fait face comme tous les pays occidentaux à une augmentation rapide de sa population âgée. On estime qu'environ 21% de la population a actuellement plus de 60 ans.
En parallèle, l'allongement de l'espérance de vie et les changements sociaux au sein de la famille nécessitent le développement et la multiplication de nouvelles structures. S'il n'était pas rare il y a une quarantaine d'années que les enfants prennent leurs parents en charge au moment de leur dépendance. C'est désormais des institutions spécialisées dans ces nouvelles problématiques de 4ème âge qui prennent le pas, notamment les EHPAD.
Et c'est là que commence le calvaire des proches pour leur trouver une place disponible dans ce type d’institution ! La France est en retard et l'offre de placements en EHPAD reste insuffisante.
Des démarches administratives lourdes
Bien entendu, chaque structure d'accueil médicalisée peut avoir ses propres subtilités mais on pourra tout de même vous dresser ici les grandes lignes de ce parcours du combattant.
Tout d'abord, une fois que le choix a été fait par la personne âgée et par sa famille d'une potentielle entrée en EHPAD, que l'avis d'un médecin généraliste a été donné, il faudra ensuite choisir un établissement.
Le choix se fait sur de multiples critères : la localisation géographique en priorité, mais aussi la taille de la structure, les services spécialisés proposés et le prix potentiel du service (on y reviendra). On encourage les potentiels futurs pensionnaires à aller visiter les structures et à se renseigner, car si certaines ambiances correspondront à l'un, un autre pourra ne pas s'y sentir à sa place et être malheureux.
Ensuite, cette recherche doit se faire sur plusieurs EHPAD. On l'a dit, les places sont limitées. Il faudra donc s'armer de patience et ne pas avoir un choix trop restreint.
Après avoir repéré plusieurs structures, il vous faudra prendre rendez-vous avec le cadre de santé de l'EHPAD. Le but étant de remplir une "grille de dépendance" (grille GIR dans le jargon), qui évaluera la quantité de soins requis. Cette grille évaluera aussi si le placement en EHPAD est réellement indiqué, ou s'il ne serait pas possible de trouver une solution alternative (aide à domicile, consultations en hôpitaux de jour,...). Les EHPAD comme leur nom l'indique, ne prennent en charge que des gens dépendants.
Le cadre remet alors à chaque famille qui fait une demande, un questionnaire de santé supplémentaire qui sera à remplir par le médecin (généraliste) du potentiel futur résident. Y seront renseignés : les antécédents notables, les pathologies actuelles, le traitement, les soins par infirmiers, kinésithérapeutes, orthophonistes (...) nécessaires. Y sont mentionnés l'usage de canne, d'un déambulateur, d'un fauteuil roulant, les besoins d'oxygène, ou d'alimentation parentérale...
A partir de là viendra l'attente. Attente parfois longue de plusieurs mois si la famille ne s'est positionnée que sur une ou deux structures. Il est toutefois important de savoir que la partie financement du dossier, si elle est évoquée lors de ce rendez-vous avec le cadre de santé, ne sera PAS prise en considération lors de l'étude du dossier. Elle ne rentre en ligne de compte qu'à des niveaux hiérarchiques supérieurs afin d'anticiper le besoin d'aides mais ne conditionne en rien l'entrée ou non du demandeur. Contrairement à ce qui se passe aux USA notamment...
Les laissés pour compte de l'EHPAD
Et pourtant, le système n'est pas infaillible. Le financement n'est pas sujet à problème dans l'acceptation du dossier on l'a dit mais d'autres critères peuvent mettre vos proches sur le carreau. Les EHPAD sont des structures dans lesquelles on ne trouve pas de médecin. Les médecins sont en fait ceux des patients directement et ils se déplacent en fonction des besoins. Les soins sont effectués par du personnel soignant comptant infirmiers et agents de service. Si bien que les EHPAD ne peuvent prendre en charge des pathologies trop lourdes qui nécessiteraient des soins plus approfondis. Ces personnes seront donc orientées vers des services de gérontologie directement en hôpital.
Idem pour les malades d'Alzheimer. En effet cette pathologie demande des soins très spécifiques ainsi qu'une architecture étudiée (pas de coins, pas d'escaliers). Rares sont donc les EHPAD qui acceptent ces personnes, ceux-ci seront réorientés dans des structures spécialisées ou certains EHPAD équipés, mais cela signifie souvent un éloignement familial.
Enfin, les EHPAD s'accordent le droit de refuser des patients dont la démence serait trop avancée, qui auraient déjà eu des comportements violents ou qui souffriraient d'alcoolisme. Ces personnes devront souvent être prises en charge différemment et au cas par cas.
Les placements d'urgence en EHPAD
Une mauvaise chute, un infarctus ou autre peuvent rendre nécessaire une place plus rapidement en EHPAD. Heureusement, ces dossiers seront étudiés en priorité par des assistantes sociales affiliées à l'hôpital qui traitent cette personne. Ces assistant(e)s peuvent sensiblement accélérer les dossiers et disposent au besoin de places réservées dans des structures d'accueil temporaires (souvent des maisons de convalescence).
Mais il n'est pas rare que des familles sans scrupule utilisent ce filon malgré les troubles occasionnés à la personne âgée. Nombreux sont nos seniors qui se retrouvent aux urgences de grands hôpitaux au début des vacances. Abandonnés là par abus de cynisme. Heureusement le système ne les abandonne pas et ils rentreront sous la charge de ces assistant(e)s qui essaieront de leur trouver une place au plus vite.
Parlons financement
Et oui, l'EHPAD coûte cher. Très cher. Et pour cause ! Personnel soignant 24h/24h, animateurs, grandes chambres individuelles, parc (en règle générale), grands salons, matériel médical... La liste est longue pour ces résidences aménagées ! Pour autant, on l'a dit, l'Etat français garantit à chacun sa place et le financement est adapté aux capacités du patient.
En effet, le financement de la chambre en EHPAD est divisé en plusieurs tranches qui sont ponctionnées à divers endroits. Tout d'abord, les indemnités retraite de monsieur/madame qui payent une partie de l'hébergement. Jusque là rien de bien original. Mais aussi l'éventuelle APA (aide aux personnes âgées, dépend de la CAF en partie et fonctionne finalement comme les allocations classiques), la CPAM (encore du jargon, Caisse Primaire d'Assurance Maladie), ou d'autres aides mises en place sous le gouvernement Chirac, etc. Et plus étonnant : un prêt de l'Etat qui comblera la potentielle différence. Le mot "prêt" est à souligner. Afin de ne pas ponctionner davantage le contribuable, l'Etat se réserve en effet le droit de se rembourser en partie lors de la succession de la personne placée en EHPAD au moment de son décès. Notamment lors de la liquidation de ses biens immobiliers. Un aspect que la famille doit absolument prendre en compte lorsque la succession est abordée.
Voilà que cet article tire à sa fin. Ce qu'il faut en retenir :
- il est nécessaire de faire les démarches auprès de plusieurs EHPAD si l'on veut avoir une place sans trop attendre
- les EHPAD doivent avoir été étudiés pour qu'ils correspondent vraiment au future patient afin que celui-ci y passe le meilleur séjour possible
- un médecin généraliste peut vous aider à choisir et vous accompagner dans les démarches
- les démarches ne sont pas centralisées, il vous faut contacter vous-mêmes les EHPAD qui vous intéressent
- des moyens pour accélérer certains dossiers existent
- les EHPAD peuvent refuser certains patients
- le financement est étudié au cas par cas et doit être pris en compte.
Il nous reste à vous souhaiter bon courage!
Vous souhaitez aller plus loin ? Contactez-nous :